Selon le site vie-publique « la liberté d’expression est inscrite à l’article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen (DDHC) de 1789. Elle fait partie des droits fondamentaux. Plusieurs textes internationaux garantissent la liberté d’expression, notamment la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH) ».
Dans la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, àson article 9, il est indiqué : que toute personne a droit à l’information. Toute personne a le droit d’exprimer et de diffuser ses opinions dans le cadre des lois et règlements.
Le Mali a visé la charte africaine des droits de l’homme et des peuples dans sa nouvelle constitution, promulguée le 22 juillet 2023. Son article 30 stipule que le Mali est une République indépendante, souveraine, unitaire, indivisible, démocratique, laïque et sociale.
Partant de ces constants, le Mali s’inscrit volontiers à promouvoir la liberté d’expression d’association et de promotion de l’espace civique et démocratique. Cependant, il est indéniable que depuis la transition militaire, consécutive à l’éviction forcée du Président IBK le 18 août 2020, les libertés d’expression ont été sérieusement restreintes. Ce recul prit une tournure plus significative avec la phase de « rectification » de la transition le 7 juin 2021, marquée par l’investiture du président de la transition.
Bien que nous vivions une période exceptionnelle avec ses mesures atypiques, cela ne saurait justifier les incarcérations, les intimidations et les restrictions injustifiées sur les associations. Une chaîne de télévision d’information a même été suspendue temporairement. Actuellement des activistes, certains journalistes et hommes politiques croupissent en prison ; à tort ou à raison selon qu’on soit un opposant ou un soutien au pouvoir en place.
Aussi, le gouvernement a procédé à la dissolution de certaines association politiques notamment la CMAS de l’imam Mahmoud Dicko pour motif que « le parrain de ce mouvement s’adonne clairement à des activités subversives susceptibles de troubler l’ordre public… ».
La dernière mesure drastique a été la suspension des activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations sur toute l’étendue du territoire national, annoncée le 10 avril 2024 par les autorités. Il est important de noter que la majorité de ces partis militait pour un retour à l’ordre constitutionnel.
De manière objective, selon plusieurs analystes politiques et hommes avisés, ces actions visent à réduire au silence toute voix divergente de la politique officielle. Cette stratégie se manifeste par diverses mesures restrictives qui contribuent à instaurer un climat de méfiance et de doute quant à l’agenda du pouvoir transitoire.
Cette situation est contraire aux appels des plus hautes autorités en faveur de la cohésion sociale, car une franche partie de la population se voit privée de son droit fondamental à la liberté d’expression.
Dans un contexte comme le nôtre, il est impératif de reconsidérer les actions en faveur de la liberté d’expression, car cela est essentiel pour la stabilité du pays et contribuera de façon considérable à son développement durable. En effet, la confrontation d’avis et d’opinions divergentes permet de révéler la vérité et de faire émerger de nouvelles idées, comme le dit le proverbe français : « de la discussion jaillit la lumière »
Cette lumière est essentielle à tout développement et à l’avenir du pays où chaque individu compte. L’état du Mali s’est engagé à respecter les droits fondamentaux, à promouvoir la démocratie et la liberté pour chaque citoyen. Il se doit de respecter cet engagement afin d’instaurer un climat de confiance mutuelle entre les gouvernants et les gouvernés, ce qui est indispensable pour tout état soucieux du bien-être social de son peuple.
L’oppression, la restriction d’un peuple sont des bombes à retardement, surtout dans un pays déjà touché par une crise multidimensionnelle, où sévissent le terrorisme, les difficultés économiques, l’instabilité politique et la pauvreté accrue d’une population meurtrie.
Par ailleurs la justice en sa qualité de dernier rempart pour un citoyen, doit jouer sa partition dans le respect de la séparation des pouvoirs, afin de trancher en toute indépendance et objectivité les affaires judiciaires d’une manière générale.
En tout état de cause, il est séant que tous les maliens œuvrent pour l’apaisement et le respect des droits fondamentaux en particulier la liberté d’expression et d’association dans le seul but d’aider ce pays à sortir de la crise qui semble être interminable.
Qu’Allah SWT vient en aide au Mali
Samba FANE, le 10 juillet 2024